GOODBYE DONNIE WINTERS

Le petit monde du rock sudiste a été très attristé par le décès de Donnie Winters, cofondateur
du Winters Brothers Band avec son frère Dennis.

Donnie est décédé de complications pulmonaires dues à sa contamination au coronavirus en 2021.

Il est mort le 18 août 2024, chez lui dans le Tennessee, juste un jour avant son soixante quatorzième anniversaire (décidément, le destin a un sens de l’humour particulier).

Son nom ne dira sans doute rien aux plus jeunes mais les anciens savent bien que c’est un vétéran de la grande époque qui nous a quittés.

Issus d’une famille de musiciens, les deux frères Winters ont toujours baigné dans une ambiance artistique. Leur grand-père « Pop » Winters a joué dans un groupe dans les années 40. Quant à leur père Don Winters, il a longtemps accompagné Marty Robbins. Ayant ses entrées au Grand Ole Opry, il a souvent emmené ses fils dans les coulisses pour voir de près les grands artistes de l’époque.

D’ailleurs, quand il était jeune, Donnie a eu l’occasion d’accompagner lui-même Marty Robbins dans ce temple de la musique country.

Au milieu des années 70, les deux frangins décident de monter un groupe logiquement nommé The Winters Brothers Band et s’orientent dans la voie fraîchement tracée du rock sudiste.

En 1976, le combo enregistre un album aux studios Capricorn. Le disque révèle certaines influences empruntées au Charlie Daniels Band et au Marshall Tucker Band mais aussi des accents fortement teintés de country. Les chansons se retiennent bien avec pas mal de refrains mélodiques et les musiciens font preuve d’un talent certain.

Le groupe tourne beaucoup et partage la scène avec Grinderswitch, Stillwater mais surtout avec Charlie Daniels et les mecs de Marshall Tucker.

Un deuxième album est mis en boîte en 1977 mais en raison de complications légales entre Atco et un sous-label de distribution, ce « Coast to coast » ne sortira pas (il sera édité par le groupe en 2007).

Bien sûr, le groupe donne beaucoup de concerts et il est très connu dans le Sud mais les retombées financières ne sont pas formidables.

Ce style musical typique du Tennesse et des Caroline ne dépasse pas vraiment la Mason Dixon Line et semble s’exporter difficilement chez les Yankees.

Et puis l’année 1977 marque la fin d’une époque avec l’accident tragique qui réduit Lynyrd Skynyrd au silence. Privé de son représentant le plus populaire, le rock sudiste est passé de mode.

Désireux de gagner plus d’argent, Donnie quitte la formation en décembre 1982.

Il intègre un « cover band » (un groupe de reprises) qui va sérieusement augmenter ses revenus. D’après ses propres paroles recueillies au cours d’une interview, il gagne plus d’argent en trois semaines avec ce groupe qu’en trois mois avec le Winters Brothers Band.

Et puis il se marie, fonde une famille et décroche un boulot régulier dans le secteur de la construction (il joue quand même de temps en temps avec divers « cover bands » pour améliorer les fins de mois). Mais en 1994, il se brise les chevilles et les talons dans un accident du travail. Il lui faudra six mois pour pouvoir remarcher normalement.

Il abandonne définitivement son métier pour revenir dans la musique mais en temps qu’ingénieur du son (étant jeune, il avait suivi des études pour exercer cette profession). Il travaille alors dans un des clubs les plus renommés de Nashville.

Il continue également à composer des chansons et joue de la guitare dans divers petits groupes.

Il sortira même un très bon album solo en 2016 (« Real country, real family ») qui illustre sa passion pour la country music.

Il est donc resté dans la musique jusqu’à la fin.

En écoutant son jeu de guitare, on reconnaît immédiatement certaines influences comme Toy Caldwell ou plus légèrement Dickey Betts. Cependant, Donnie a su y ajouter son style personnel. Le meilleur exemple reste son solo sur la version live de « Sang her love song » disponible sur le double album de la Volunteer Jam III et IV.

Certainement moins connu que les deux guitaristes précités, Donnie Winters n’en demeure pas moins un musicien de talent qui a laissé son empreinte dans le rock sudiste.

Il n’a jamais connu la gloire mais il n’a jamais abandonné la musique.

Il a surtout donné du bonheur à beaucoup de gens en grattant sa guitare.

Et ça, c’est ce qui compte le plus !

Olivier Aubry

interview DENNIS WINTER

Bonjour DENNIS, merci de nous accorder cet interview pour RTJ, le webzine du rock sudiste http://www.roadtojacksonville.com.

RTJ : Peux tu pour débuter rappeler à nos lecteurs, l'histoire et les débutsdu groupe ?

Dennis Winter : Mon frère et moi avons grandi dans une famille de musiciens. Depuis le plus loin, que je puisse me souvenir nous avons toujours chanté. Le groupe a débuté dans une ferme du Tennessee au début des années 1970 où nous nous occupions du bétail. Nous voulions répéter et jammer dans un bar. Tout est parti de là. Avec l'aide de Marty Robins, Charlie Daniels et quelques autres. Taz du groupe de Charlie nous produisait quand nous avons été découverts par Dick Wooly et il nous a amené chez Atlantic/Atco à New York. Le reste c'est de l'histoire.

RTJ : Vos deux premiers albums restent dans toutes les mémoires,
est il possible de les trouver facilement aujourd'hui ?

Dennis Winter : Oui, nous avons prévu de les resortir chez Southstar Records en 2005. Ils sont tous les deux remastérisés et attendent de sortir. Stampede vient de sortir et nous allons nous occuper de ces sorties bientôt.

RTJ : Vous avez enregistré un disque de bluegrass, peux tu nous en dire plus et si l'on pourra enfin
se le procurer ?

Dennis Winter : Ce n'est pas vraiment du Bluegrass. Yodeling King est un disque que j'ai produit pour mon père et est plus orienté dans les racines du country. Y participent ses amis du groupe de Marty Robbins et mon père y fait tout le yodeling. C'est un projet tout-yodeling, mais il y a aussi mon frère Donnie sur Rosita et moi-même sur Yodel Our Way to the USA et sur le titre Yodeling King. On a chanté les morceaux et notre père a fait le yodeling. Charlie Daniels et Taz DiGregorio, l'organiste de Charlie, ont aussi été invités sur ce projet. Nous espérons qu'il sortira bientôt aussi chez Southstar.

RTJ : On n'a plus eu de nouvelles du groupe à partir des années 80, années où le rock sudiste avait presque disparu avec l'apparition de la musique calibré radio FM, avez vous été tenté de faire comme certains groupes
( 38 SPECIAL par exemple ), de vous orienter vers une musique plus commerciale ?

Dennis Winter : Je ne dirais pas que nous sommes devenus plus commerciaux mais nous avons essayé des choses différentes comme sur le maxi Keep on Running où nous voulions regarder dans d'autres directions musicales. Le co-producteur était Dave Perkins, nous voulions son implication dans notre musique et il avait un style musical tout à fait différent, nous voulions essayer autre chose. Ce projet est fortement influencé par la marque de Dave.

RTJ : Vous êtes revenus en 1997, avec un album SOUTHERN ROCKERS, au nom évocateur ?
Peux tu nous dire ce qui vous a incité à revenir sur le devant de la scène ?

Dennis Winter : Nous n'étions jamais partis en fait. Nous étions toujours actifs, mais seulement localement. Le manager de Charlie Daniels, David Corlew, nous a proposé de faire un album de jam southern rock. Il a dit qu'à chaque fois qu'il écoutait Widespread Panic il pensait à nous. Et il nous a dit que nous devions travailler dessus et c'est devenu le cd " Southern Rockers ". La route me manquait et je voulais repartir, donc je pense que c'était le bon moment.

RTJ : Venons en si tu le permets à votre nouvel album, peux tu nous présenter les membres du groupe,
et leur particularité ?

Dennis Winter : De gauche à droite, Jamie LaRitz (lead guitar et vocals), Carly Winters (backup vocals), Cody Winters (backup vocals), Casey Winters (backup vocals), Ron Rad Dunn (bass), Eric DiNenna (drums), moi-même, Dennis Winters (rythm et lead vocals). Casey, Cody et mes sœurs sont aussi connues sous le nom de The Southern Belles. Jamie et Rad sont des vieux amis.

RTJ : Peux tu nous dire comment a été enregistré l'album ?

Dennis Winter : C'est un concept album et un projet que je voulais mettre sur pied depuis des années. Nous avons voulu créer quelque chose pour les gens qui aiment vraiment la musique et la créativité. Alors il fallait vraiment voir le cd comme un film virtuel, comme nous l'appelons un cd audio virtuel. Si tu connais bien l'histoire du southwest, ce cd t'y amène directement. C'est comme regarder Young Guns sous une forme musique rock, quelque chose que tu aurais aimé que Pink Floyd fasse. Après avoir entendu la version de Jerry Garcia et du Grateful Dead de El Paso de Marty Robbins, je savais que nous pouvions faire ce projet dans un format rock, et nous l'avons fait.

RTJ : Comment définirais tu la musique des WINTERS Brothers, que l'on situe souvent à mi-chemin entre le Marshall Tucker Band et Charlie DANIELS ?

Dennis Winter : Tu trouveras toujours l'influence Southern rock et country dans notre musique, mais je pense que tu y trouveras aussi d'autres touches de rock et de blues, comme Pink Floyd, Santana, Grateful Dead, Beatles (Sgt Peppers Lonely Hearts Club Band), Jimi Hendrix, Eric Clapton, B.B. King et Led Zeppelin, et d'autres encore.

RTJ : Tu as repris certains morceaux de tes débuts, est ce pour montrer à vos nouveaux fans ce qu'était le groupe dans les années 70 ?

Dennis Winter : Ces morceaux s'intégraient très bien dans le concept. Ces deux morceaux apportent un plus au projet je pense. Donc ils étaient parfaits pour le cd. Nous avons juste réenregistré " Keep On Running " et " Old Stories ", et nous avons remastérisé et ajouté Jamie à " Devils after my soul " et à " A Gun don't mind ".

RTJ : Cet album semble très apprécié, j'ai beaucoup aimé en particulier votre morceau Stampede JAM qui clôture le cd, ce morceau représente t'il l'esprit du groupe ?

Dennis Winter : Ce morceau nous a permis de revenir à nos racines de groupe de jam. Nous avons toujours aimé l'instrumentation et partir sur de grandes chevauchées. C'est le moment d'être spontané et créatif sur scène.
Ca vient du cœur.

RTJ : Peux tu nous dire ce que devient ton frère DONNIE ?

Dennis Winter : Donnie voulait faire quelque chose de plus stable financièrement pour sa famille, et avait un désir important de continuer à enregistrer et travailler dans l'enregistrement. Donnie a été à l'école pour devenir ingénieur du son et travaille maintenant à temps plein dans cette profession. Remarque quand même que Donnie joue toujours de temps en temps pour Jamie LaRitz et nous rejoint tous les ans pour la Southern Summer Jam. Il nous rejoint quand ses activités professionnelles lui permettent.

RTJ : une question plus personnelle, qu'écoutes tu comme musique ?
Quelles sont tes sources d'inspiration ?

Dennis Winter : Pour dire la vérité, je n'écoute pas beaucoup de nouveaux groupes. Je n'aime pas trop ce que j'entends maintenant. J'ai des phases pour ce que j'écoute, c'est à dire qu'en ce moment je mets Pink Floyd ou les Allman Brothers, Red Wing de Grinderswitch, les vieux Charlie Daniels Band et Marshall Tucker Band ou Skynyrd. Les artistes qui m'ont influencé sont ceux dont l'influence est très apparente sur Southwest Stampede : Pink Floyd, Santana, Grateful Dead, Beatles (Sgt Peppers Lonely Hearts Club Band), Jimi Hendrix, Eric Clapton, B.B. King et Led Zeppelin. Les influences plus récentes seraient Dave Matthews, Phish, Guns n' Roses (sweet child o'mine), Widespread Panic et U2, mais aussi Merle Haggard, Marty Robbins et Hank Williams et d'autres encore.

RTJ : Peux tu nous dire comment vous en étiez venu à jouer au VOLUNTEER Jam ?
Quel souvenir en gardes tu ?

Dennis Winter : Oui nous avons joué à douze Volunteer Jams, et il y a deux morceaux sur les cds des jams. " Sang her Love Songs " sur les versions 3 et 4 chez Epic et " Rich Kids " sur la version 6 aussi chez Epic.

RTJ : Quels sont vos rapports avec Charlie Daniels ?
Avez vous souvent joué
ensemble ?

Dennis Winter : Nous sommes toujours de bons amis avec Charlie et son groupe. Comme beaucoup savent, Taz, l'organiste de Charlie, a produit notre premier album en 1977. Nous avons fait plusieurs shows avec le Charlie Daniels Band cette année et nous avons prévu de rejouer ensemble ces prochaines années. A l'un des shows nous avons ouvert pour Charlie Daniels Band, Marshall Tucker Band et Molly Hatchet à Nashville. C'était génial, il y avait environ 10000 spectateurs.

RTJ : Peux t'on considérer les WINTERS BROS comme un groupe presquefamilial avec les southern belles Casey, CODY et Carly aux choeurs ?

Dennis Winter : Oui, c'est vraiment une affaire de famille.
Elles ne vont pas toujours en tournée avec nous, mais elles viennent quand elles peuvent.

RTJ : Quels sont vos projets ? Auras t'on droit à un cd live ou encore mieux un DVD ?

Dennis Winter : Nous travaillons sur plusieurs projets pour l'année à venir. Nous allons faire un cd de blues et allons ressortir nos deux premiers lps sur cd. Nous voudrions aussi faire un album live, et nous sommes en train de placer des morceaux sur des bandes originales de films. Et on ne sait jamais si on ne pourrait pas sortir un dvd de la Southern Summer Jam.

RTJ : Merci d'avoir répondu à nos questions, question traditionnelle dans notre magazine pour conclure nos interviews, quels seraient les 5 albums que tu emmènerais si tu devais passer le reste de ta vie sur une île déserte ? 5 albums, mais tu peux y ajouter des peintures célèbres aussi ?

Dennis Winter : D'abord, il y a tellement d'albums que je voudrais prendre que j'aurais du mal à n'en prendre que cinq. Et si j'étais sur une île déserte, je ne pense pas qu'on pourrait écouter les écouter, ce serait une vraie torture. Et comme peintures, je voudrais une de ma famille et une de mes amis. Ils me donneraient l'espoir de quitter cette île déserte et je pourrais comme cela écouter de nouveau toute la merveilleuse musique du monde.

RTJ :Merci de nous avoir répondu. As tu quelque chose à rajouter, pour nos lecteurs ?

Dennis Winter : Je vous souhaite tous une excellente année 2005 et espère que vous allez apprécier notre musique. Nous espérons pouvoir venir en tournée en Europe dans le futur. Dites nous où il y a des endroits sympas pour jammer et nous allons essayer d'y venir.
Paix pour tout le monde.


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